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Stef Lee

Protocole d'action - En cas de situation de violence dans le cadre d'une milonga - par le MFT

Le Mouvement Féministe du Tango est une organisation collective horizontale. Il a été créé en 2018 à Buenos Aires dans le contexte historique et social du mouvement « Ni una menos ». Plusieurs camarades du tango ont commencé à se réunir pour échanger sur les problématiques que nous traversions. Nous nous sommes organisé.es depuis via ce Mouvement afin de produire des outils et des actions qui rendent possibles l'égalité entre membres de la communauté tanguera. Notre objectif principal est de développer des stratégies pour mettre fin à toute violence dans le milieu du tango.

La nécessité de rédiger ce protocole est apparue suite à des problématiques spécifiques travaillées à la réception de plaintes, dans la Commission d'Etudes et Atelier Vécus.

Les thématiques les plus récurrentes sont les situations de violence dans les milongas, cours, pratiques comme espaces sociaux, et la façon dont cette violence nous affecte. La compréhension du spectre dans lequel se manifestent ces violences a été un point crucial, depuis la violence symbolique jusqu'à la violence physique, sans oublier la présence de micro-machismes intégrés qui contribue à renforcer la violence de genre de manière imperceptible et constante.

Le MFT a élaboré ce protocole en se fondant sur les protocoles d'autres organisations sociales, dont l'objectif est également d'offrir des réponses pratiques. Dans notre vision, nous avons mis le focus sur les matériaux collectés par les commissions. Notre souhait est que ce protocole se transforme en outil servant tant à écouter, résoudre et prévenir de façon responsable les situations concrètes de violence, que pour réfléchir sur les us et coutumes de la communauté tanguera.

De cette façon, nous espérons contribuer à la promotion d'une transformation sociale et culturelle dans le milieu du tango. Pour ces motifs, ce protocole est proposé comme une série de recommandations, ou comme un guide de marche à suivre pour cette transformation que nous souhaitons. Il ne s'agit en aucun cas d'un règlement rigide ou punitif. C'est un témoignage vivant et sujet à une constante révision et auto critique.

COMMUNICATION

Nous suggérons que ce protocole soit disponible :

Sur les réseaux sociaux des organisateurs de milongas, cours, etc

Affiché aux entrées des milongas et dans les espaces toilettes

Durant les présentations et annonces des milongas.

Aspects de l'application du protocole

Ce protocole souhaite fournir des outils pour identifier de possibles situations de violences lors des milongas et autres espaces de tango, et pouvoir agir en conséquence, en tenant compte de la loi 26.485 de Protection des Femmes* et la loi 26.743 d'Identité de Genre**.

1. Détection de situations de violence, qui peuvent venir de:

a)L'observation, par les responsables de l'application de ce protocole, qui demande d'être attentif.ive durant la milonga aux situations qui se présentent. Si une situation est douteuse, prendre contact pour s'assurer.

b)La personne atteinte communique la situation aux responsables.

c)Tout.es les participants présent.es peuvent faire part d'une situation éventuelle aux responsables.

2. Responsables de l'application.

Cette responsabilité sera assumée par les organisateur.trices de la milonga. Il est recommandé que toutes les personnes travaillant dans cet espace aient connaissance du protocole pour pouvoir remplir les rôles suivants :

Rôles:Ces rôles doivent être attribués avant le début de l'évènement.

a)Responsable de l'encadrement de la victime:Tenant compte du fait que la majorité des personnes victimes de violences liées au genre sont des femmes, il est recommandé que ce rôle soit tenu par une femme.

b)Responsable de récupérer les biens de la victime, contacter ses ami.es et/ ou éventuellement inviter la personne agresseur.euse à se retirer de l'espace de la milonga.

c)Lieu à disposition en cas d'urgence.

RECOMMENDATIONS

Agir de façon ferme et sereine. Il est important de maintenir le calme. La communication doit être faite clairement, sans cris ni insultes. Garder à l'esprit que la priorité est l'assistance à et la sécurité de la personne atteinte, ainsi que celle des autres personnes présentes.

Pour qui assiste : Offrir à la personne atteinte d'aller à un endroit tranquille (loges, cuisine, bureau) et la soustraire à la vue de la personne agresseur.euse afin qu'elle puisse relater les faits, garantissant la crédibilité de son récit.

Lui demander ce dont elle a besoin et comment elle souhaite agir, expliquant que le MFT soutiendra sa décision.

L'informer sur les institutions compétentes, sans l'obliger à porter plainte.

Ne pas l'obliger à parler si elle ne le souhaite pas, ni imposer de solutions : encore moins la culpabiliser, ni alimente l'aspect émotif de la situation.

Si elle décide de partir, lui offrir un transport sûr.

Prioriser sa tranquillité, volonté et sécurité.

Concernat la personne qui a agressé :L'inviter aimablement à se retirer de l'espace.

Toujours rechercher à ce que ce soit la personne atteinte qui puisse rester et profiter du lieu, et que la personne violente soit celle qui parte.

AUTRES PRATIQUES

A partir des réflexions obtenues dans nos ateliers sur les expériences vécues en milieu milonguero, nous nous permettons de proposer les pratiques suivantes, dans le but de participer à la flexibilisation des « façons de faire traditionnelles patriarcales »

Utiliser dans tout mode de communication publique, verbale ou écrite, la langue inclusive.

Proposer dans les images de diffusion publicitaire (flyers etc) des représentations qui ne renforcent pas les stéréotypes ni les valeurs sexistes dégradantes : hommes dominants, femmes subordonnées ou objetisées.

Inclure la parité dans la programmation de l'évènement des artistes, musicien.ennes, professeurs de danse, dj's

Garantir que la rémunération soit égale pour tout.es

Programmer des numéros qui ne répondent pas systématiquement au stéréotype sexiste hégémonique.

Promouvoir lors des cours de tango une autre idée des « rôles » et un dialogue entre égaux

Encourager, sur la piste, les pratiques égalitaires. Par exemple, expliciter que chacun.e peut inviter à danser, peu importe le genre.

Diffuser des messages qui renforcent l'équité et le traitement égalitaire entre participant.es de la communauté tanguer.

Il peut aussi être utile de placer des affiches (toilettes, bar, tables) des messages du type “Si quelqu'un.e te fait sentir mal à l'aise, en danger ou te manque de respect, fais en part aux personnes en charge du lieu pour être accompagné.e »Nous ne discriminons personne dans cet espace ”.

*Définition de la violence contre les femmes (article 4 de la loi 26.485):

ARTICLE 4º — Définition. S'entend comme violence contre les femmes toute conduite, action ou omission, qui de façon directe ou indirecte, dans l'espace public ou privé, fondée sur une relation inégale de pouvoir, porte atteinte à sa vie, liberté, dignité, intégrité physique, psychologique, sexuelle, économique ou patrimoniale, ainsi que sa sécurité personnelle.

Se considère comme violence directe toute conduite, action, omission, dispositif, critère ou pratique discriminatoir qui place la femme en désavantage par rapport à l'homme.

**Application de la loi d'identité de genre:

ARTICLE 13. — Application. Toda norma, reglamentación o procedimiento deberá respetar el derecho humano a la identidad de género de las personas. Toute norme, réglementation ou procédure devra respecter le droit humain à l'identité de genre des personnes. Aucune norme, réglementation ou procédure ne devra limiter, restreindre, exclure ou supprimer le droit à l'identité de genre des personnes, devant faire valoir et appliquer les normes en favorisant l'accès.



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