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  • Stef Lee

Enseigner... quoi ?

Dernière mise à jour : 27 nov. 2018

PROJET PEDAGOGIQUE


J'ai donné mes premiers cours de tango au studio Dinzel, exemple typique de la filiation qui unit l'élève au maestro en tango argentin. C'est le maestro qui valide, peu à peu, l'apprentissage de l'élève, dont le but va être, ensuite, de transmettre à son tour cet enseignement. Rodolfo Dinzel nous a ensuite confié, à mon partenaire Camilo Diaz et à moi-même, des cours réguliers au club Ferrocarril Oeste à Buenos Aires. Nous avons ensuite enseigné ensemble en Colombie.

Notre but était alors de partager la recherche que nous menions au studio : lors de nos cours, le tango était abordé avant tout comme une expérience sensible, un dialogue, une rencontre avec l'autre. Les outils pédagogiques étaient essentiellement des jeux d'improvisation, avec une progression validée par notre maestro. Il s'agissait d'amener les élèves à une danse chargée en vécu et contenu « réel »: c'est à dire ne pas se borner à répéter des figures apprises, mais au contraire explorer un jeu d'improvisation (qui est le mécanisme réel du tango dansé) pour découvrir de l'intérieur l'organicité de ces figures. Le point de vue assumé étant que la danse est un état, et non une succession de poses ou de postures.

Lorsque j'ai, ensuite, commencé à enseigner avec el Pulpo, les cours se fondaient quasi exclusivement sur une approche technique. Etant lui aussi (comme tant d'autres !) un ancien élève de Dinzel, il maintenait cependant une exigence très particulière quant à l'écoute entre partenaires. Autrement dit, l'approche pédagogique exigeait des élèves de réellement assimiler les mécanismes de guider et suivre, sans quoi les figures complexes que nous proposions n'étaient pas réalisables. Là encore, il ne s'agissait pas de reproduire des poses, mais bien de comprendre et de sentir l'itinéraire parcouru lors d'une figure particulière.

Nous constations presque systématiquement la nécessité d'un travail sur l'équilibre et les appuis dans le sol chez les danseurs comme chez les danseuses, peu importe le niveau. Je réalisais qu'il n'y avait pas de conscience du travail d'interprétation, or c'était un des points fondamentaux de l'enseignement de Dinzel.

Or, si l'on n'acquiert pas la possibilité technique de maîtriser sa danse, comment s'exprimer dans le rôle féminin? Inversement, combien de rôles masculins surchargeaient leur danse de propositions ou de blocages mécaniques, ne laissant ainsi aucun espace de choix à la danseuse. Or, comme le soulignait Carlos Gavito, « Quand l’homme danse, la femme doit être la reine, et c’est seulement ainsi qu’il pourra être roi ».

De retour en France, j'ai commencé à enseigner seule, en décidant de reprendre les fondamentaux pédagogique de Rodolfo Dinzel. Les cours réguliers sont vite devenus un laboratoire où se testaient : des outils pédagogiques généralement destinés à la danse contemporaine, modulés en fonction du groupe et de notre pratique du tango, des temps d'improvisation, le travail de base du danseur de tango : technique, vocabulaire chorégraphique, schéma Dinzel...

J'y ai ensuite ajouté, avec son accord, le travail d'Olga Besio sur la musicalité.

Depuis 2017, j'élabore de nouveaux matériaux pédagogiques, provenant de l'Analyse Laban du Mouvement.



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